Discours de Villepin à l'ONU contre la guerre en Irak

Discours !! Digne d'un grand homme d'Etat !! J'écoute ces paroles, et je me sens fière d'etre Français !! Merci Monsieur Dominique De Villepin !!

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Dominique de Villepin, 18 avril 2011 !!
Je ne veux pas participer à une aventure qui décevrait les Français. Ça implique d'être ambitieux, d'être capable de refonder notre vie politique, refonder notre vie économique et sociale (...). C'est aux citoyens de prendre le pouvoir, c'est au peuple français de prendre le pouvoir, et ça veut dire ne pas laisser les hommes politiques s'arranger entre eux.

vendredi 18 novembre 2011

Eppur si muove…


Et pourtant elle tourne, maintenait Galilée envers et contre tous les dogmes. On ne croirait pas, à écouter les journaux français tout occupés de nos querelles nationales. Les dogmes du moment ont à nouveau arrêté le cours des planètes. Pourtant, pendant qu’on se préoccupe ainsi de coalitions électorales et de circonscriptions à partager, le basculement du monde continue son œuvre.

Premier constat. Nous sommes en Europe les complices actifs de notre marginalisation. L’Europe depuis des années maintenant semble avoir renoncé à peser et à sortir de ses impasses. La crise de l’euro s’est transformée depuis le G20 de Cannes – qui semble déjà bien loin- en une pente aussi interminable que glissante qui conduit l’Europe à l’indifférence mondiale. L’Allemagne engage des initiatives, comme la proposition d’union politique faite par Angela Merkel en début de semaine, et pourtant, à peine une ligne dans la presse française sur ce qui pourrait contribuer à un déblocage de longue haleine d’une Union européenne sclérosée.

Deuxième constat. Le nouveau monde prend acte, lui, des transformations. L’Amérique fait tourner les cartes et cherche à présent à mettre le Pacifique au milieu de la mappemonde à la place de l’Atlantique. C’est pour elle la reconnaissance de changements intérieurs et extérieurs. Intérieurs d’abord parce que son centre de gravité démographique, économique et culturel s’est déplacé tout au long des cinquante dernières années de la Côte Est, de l’industrie lourde de la ceinture de rouille et de la mégalopole new-yorkaise, vers la Côte Ouest, avec Hollywood et la Silicon Valley, où se développent toutes les nouvelles technologies, comme symboles des nouveaux instruments de la puissance. Changement extérieur aussi, avec l’ascension irrésistible de la Chine qui fait suite à celle du Japon, de Taïwan et de la Corée dans les années 1970 et 1980. Les coopérations militaires, la création d’une zone de libre échange annoncée en début de semaine dans le cadre du Partenariat Transpacifique (TPP) sont à la fois le signe qu’on se prépare à une confrontation de puissances avec la Chine montante mais aussi que l’administration Obama enterre la priorité au lien transatlantique.

Il l’a dit, le XXIe siècle se jouera dans le Pacifique. L’indifférence ne surprend pas, tant elle s’était donné à voir depuis le sommet de l’OTAN en 2008. La crise économique n’a qu’accéléré des processus en cours depuis longtemps. Comment expliquer que, là encore, personne en France ne s’émeuve de ces choix stratégiques majeurs ?
Notre silence est coupable. La France et l’Europe doivent au contraire en tirer toutes les conséquences et se remettre elles-mêmes en mouvement, définir leurs nouvelles priorités et leurs nouveaux partenariats. Car nous avons des chances historiques de travailler à des alternatives. Mais il faut pour cela de l’imagination et de l’audace.

Première exigence, le retrait de l’Amérique doit être pour l’Europe un appel à l’indépendance, notamment à travers le rééquilibrage de l’OTAN avec un pilier européen constitué par une véritable Europe de la Défense autonome, et de partenariat approfondi avec la Russie, qui est et restera notre interlocuteur naturel – pour des raisons historiques, culturelles, mais aussi économiques lorsqu’il s’agit d’approvisionnements énergétiques notamment.
Deuxième exigence, le Printemps Arabe doit devenir pour la France et pour l’Europe le signal de l’ouverture et de la main tendue. Une zone de puissance conflictuelle et hérissée de difficultés est aujourd’hui en train de se métamorphoser. Il faut le dire : aujourd’hui rien n’est décidé. Plusieurs scénarios sont envisageables. Nous assistons peut être à la naissance d’une grande zone de coprospérité néo-ottomane, reconstituant l’espace autrefois contrôlé par l’Empire Ottoman du XVIe au XXe siècle, sous forte influence turque avec le choix de partenariats régionaux, d’une démocratie libérale-conservatrice. Il peut s’agir aussi, reconnaissons-le, d’une zone sous influence islamiste, financée et contrôlée depuis la Péninsule Arabique avec le contrôle de la société et de l’information par les réseaux liés aux Frères Musulmans.
Il peut s’agir enfin d’une zone éclatée et instable, soumise aux nationalismes qui sont la réponse la plus facile aux aspirations des islamistes.

Mais un autre avenir est possible si l’Europe accepte de forcer la porte de l’histoire et de jouer un rôle aux avant-postes. Beaucoup dépendra du rôle que voudra jouer l’Europe. C’est le moment de lancer cet automne le grand partenariat politique et économique avec les pays en transition qui doit signifier que nous avons un destin commun, nous le Vieux Monde. Le sursaut ne peut venir, à l’inverse de ce qu’avait imaginé l’idéologie néoconservatrice de l’administration Bush, non de la force, mais de la paix, et en premier lieu de la paix israélo-palestinienne.

Troisième exigence, urgente aujourd’hui, l’Europe doit reconstituer les bases de sa puissance économique. Cela suppose une révolution culturelle, car l’idéalisme de la concurrence libre et non faussée doit aujourd’hui céder au réalisme d’une réciprocité négociée dans les relations économiques internationales. Il en va de nos intérêts vitaux. La course à l’austérité à laquelle nous assistions aujourd’hui n’est pas la réponse au défi mondial. Le rétablissement des comptes publics est nécessaire, mais pas suffisant. Il faut une politique de croissance et d’investissement, une politique industrielle européenne et en un mot un patriotisme économique européen qui fait aujourd’hui totalement défaut.

Comme un boxeur sonné par les coups reçus, nous titubons en levant la garde. Ce n’est pas ainsi qu’on rentre à nouveau dans le match.


Source : Blog Villepin

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