Marie-Laure de Villepin était, jeudi soir, l’invitée du Grand Journal de Canal+, suite à la sortie en librairie du livre de la journaliste Candice Nedelec « Parole des femmes: Sur ces machos qui nous gouvernent », dans lequel elle livre des anecdotes sur sa vie à Matignon.
L’interview de Marie-Laure de Villepin par Ariane Massenet
Ariane Massenet: Marie-Laure de Villepin, quand on est « la femme de », est-ce qu’on arrive à rester une citoyenne comme une autre?
Marie-Laure de Villepin: Ben écoutez, on y arrive. Moi, j’ai eu la chance de pouvoir y arriver autour d’un épisode vraiment précis, puisque j’ai eu la chance d’être tirée au sort pour être jurée d’assises en 2003 ! (…) Ca peut tomber sur n’importe qui, c’est rare d’être tiré au sort, et puis j’ai eu cette chance-là.
A l’époque, mon mari était Ministre des Affaires Etrangères et le réflexe immédiat, ça a été: « Mais attends, tu peux pas être jurée d’assises, je suis ministre ! » Et là, tout de suite, je lui dis: « Mais attends, tu es ministre, mais moi, je suis citoyenne. Et il n’est pas question que je ne remplisse pas mon devoir de citoyenne, il n’est pas question que je ne sois pas une jurée d’assises ! »
Alors, j’ai tenu bon. Et alors j’avais de la chance, parce que j’avais été tirée au sort sous mon nom de jeune fille. J’avais encore un seul papier d’identité avec uniquement mon nom de jeune fille qui était mon permis de conduire, avec une photo assez baba cool je dois dire d’ailleurs. Mais bon, voilà ! Ca a passé et j’ai réussi à le faire en restant anonyme.
Et surtout, ce qui est important, c’est que dans les jurés d’assises, on est là et on juge en son âme et conscience. On est là pour chercher son intime conviction et on n’est jamais plus soi-même que quand on est juré d’assises !
Donc effectivement, on peut être citoyen et on peut être soi en étant « la femme de ».
Le livre de Candice Nedelec: « Parole des femmes: Sur ces machos qui nous gouvernent »
« Elle a couché pour réussir », « Lorsqu’on s’habille comme cela, il ne faut pas s’étonner de se faire violer », « Vas-y en jupe, il adore les jolies femmes »… Le monde politique français conserve des réflexes d’un autre temps.
Les affaires DSK et Tron ont agi comme des révélateurs cathartiques. Les femmes racontent des scènes de sexisme ordinaire, des jeux de séduction proches du harcèlement, des hommes au pouvoir sans limite.
Assistantes parlementaires, femmes ministres, leaders politiques de l’opposition, elles disent « stop » d’une même voix, décryptent les particularités de ce machisme en costume-cravate et dessinent les contours d’une résistance possible.
A la veille de la campagne présidentielle, les » femmes de » sont priées de jouer les simples faire-valoir et de mettre leur carrière entre parenthèses, dans le registre » sois belle et … communique pour moi « , comme Anne Sinclair et Carla Bruni-Sarkozy.
Marie-Laure de Villepin, qui fut l’hôtesse de l’hôtel Matignon, raconte pour la première fois cette vie de l’ombre, dont souffrent aussi les « maris de » femmes politiques, victimes d’un machisme inversé.
La journaliste Candice Nedelec a mené une enquête détonante, conduit des entretiens exclusifs et livre clans cet ouvrage des anecdotes inédites.
Source : Centre National du Livre
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