Discours de Villepin à l'ONU contre la guerre en Irak

Discours !! Digne d'un grand homme d'Etat !! J'écoute ces paroles, et je me sens fière d'etre Français !! Merci Monsieur Dominique De Villepin !!

Bienvenue sur ce blog de soutien à la candidature de Dominique de Villepin

Dominique de Villepin, 18 avril 2011 !!
Je ne veux pas participer à une aventure qui décevrait les Français. Ça implique d'être ambitieux, d'être capable de refonder notre vie politique, refonder notre vie économique et sociale (...). C'est aux citoyens de prendre le pouvoir, c'est au peuple français de prendre le pouvoir, et ça veut dire ne pas laisser les hommes politiques s'arranger entre eux.

dimanche 6 novembre 2011

Prix Goncourt pour « L’Art français de la guerre » d’Alexis Jenni, coup de coeur littéraire de Dominique de Villepin

Le Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français, a été attribué mercredi à Alexis Jenni pour son premier roman « L’Art français de la guerre » (Gallimard), une fresque entre Indochine et Algérie qui questionne l’héritage des guerres coloniales.

Dans un billet publié fin septembre sur son blog officiel, Dominique de Villepin qualifiait Alexis Jenni d’ « incontestable révélation de cet automne littéraire ».

« Dans ce livre qui m’a saisi plus qu’aucun autre roman depuis longtemps, j’ai trouvé de profondes résonances avec des questions que je me suis toujours posées, des questions qui ont accompagné tout mon parcours. J’ai la conviction que beaucoup de Français y trouveraient formulées enfin les interrogations dont ils ne savent pas encore qu’ils se les posent depuis longtemps déjà », écrivait l’ancien Premier Ministre.

« En cet étrange pays qu’est la langue », le billet écrit par Dominique de Villepin fin septembre

Nous habitons la langue française. Ses souvenirs. Ses accents. Ses non-dits. C’est la leçon du livre d’Alexis Jenni, l’Art français de la guerre, incontestable révélation de cet automne littéraire. « La langue est la nature dans laquelle nous grandissons ; elle est le sang que l’on transmet et qui nous nourrit. Nous baignons dans la langue et quelqu’un a chié dedans. Nous n’osons plus ouvrir la bouche de peur d’avaler un de ces étrons du verbe. Nous nous taisons. Nous ne vivons plus. »

Dans ce livre qui m’a saisi plus qu’aucun autre roman depuis longtemps, j’ai trouvé de profondes résonances avec des questions que je me suis toujours posées, des questions qui ont accompagné tout mon parcours. J’ai la conviction que beaucoup de Français y trouveraient formulées enfin les interrogations dont ils ne savent pas encore qu’ils se les posent depuis longtemps déjà. (…)

Ce narrateur, avec sa parole circulaire, remâchée, changeante dresse le portrait en miroir d’une France subjective et fiévreuse. « La France est une façon d’expirer. » Ce mystère français, nous l’avons devant les yeux chaque jour et notre incompréhension nous a réduits à l’impuissance.

On sent que c’est un livre à déclenchement. Un livre qui a mûri et qui est soudain apparu nécessaire face aux implosions sourdes de notre pays, face aux émeutes des banlieues, face aux non-dits coloniaux qui aujourd’hui encore hantent la France, toute la France, y compris celle à laquelle appartient le Narrateur lui-même, cette « classe moyenne volontairement aveugle aux différences » qui croit avoir tourné la page coloniale et en est en fait le refoulement même. (…)

A bien des égards il s’agit d’un roman hors-norme dans un temps où la littérature française peine à trouver du souffle.

C’est un roman de l’histoire, parce qu’il prend à bras le corps, sans complaisance et sans repentance plaquée, cinquante années d’événements qui ont façonné la France d’aujourd’hui, de la débâcle à l’indépendance algérienne.

C’est en même temps un roman de la nation qui va fouiller dans les chairs, dans les âmes et dans les mots, avec humilité et sincérité, par exemple lorsqu’il s’agit de ce mot France qu’on n’ose plus prononcer avec un grand F ou lorsqu’il s’agit d’évoquer de quelques phrases la figure tutélaire de notre temps, ce général de Gaulle appelé « le Romancier ».

(…) C’est l’inverse d’un manuel de solutions simples et définitives: un recueil d’interrogations. C’est l’inverse de cette galerie de Héros de la France que la Maison de l’Histoire de France doit nous proposer : une histoire d’hommes et de femmes face à des choix. Et au cœur de tout cela avance un effort de réconciliation, de désenfouissement des mémoires, au scalpel de la langue.

C’est, surtout, un roman de la langue – et après tout le roman des origines n’est rien d’autre qu’une langue, en rupture, défense et illustration d’une autre, langue romane contre langue latine. Alexis Jenni accomplit un acte de foi qui enracine d’emblée ce livre dans une longue histoire littéraire française. (…)

La langue est partout. Elle se démultiplie en autant de portes d’entrées dans ce livre, ou plutôt de tentacules. Le sens des paysages qui tout à coup vous explosent à la figure et qui ont cela d’absolu qu’ils ne sont pas nécessaires. L’interrogation sur ce qu’est le récit, ce qu’est la peinture, ce que peut en un mot l’art. Parce que l’auteur sent que la langue ne peut se mettre en scène sans s’interroger en même temps sur ses propres artifices. (…)

Car voilà bien le malheur que nous vivons, la langue politique s’est appauvrie, diluée comme une soupe famélique. Un bouillon clair, quelques grumeaux d’idées toutes faites, des filaments d’attaques personnelles, d’injures, de petites phrases qui surnagent. La politique nous parle une langue désertée par le cœur et par l’esprit, à tel point qu’elle est devenue incompréhensible aux Français, alors qu’elle a vocation à incarner et à devenir. Elle est tout à la fois héritage et art de vivre, singularité et universalisme, rencontre et échange. Nous ne nous en sortirons qu’en y remettant des sentiments, des émotions, de la générosité, de la hauteur, en un mot et quoi qu’on en dise, de l’amour de la France et des Français. Des majuscules, des accents divers et une inspiration collective.

Source: Blog officiel de Dominique de Villepin

Alexis Jenni remporte le Goncourt

Le Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français, a été attribué mercredi à Alexis Jenni pour son premier roman, L’art français de la guerre (Gallimard), fascinante fresque entre Indochine et Algérie qui questionne l’héritage des guerres coloniales.

Grand favori de ce prix convoité, ce professeur lyonnais de biologie de 48 ans a été choisi «au premier tour par 5 voix contre 3 à Carole Martinez», a annoncé chez Drouant l’un des membres du jury Didier Decoin.

Deux autres prétendants étaient en lice, Sorj Chalandon, déjà lauréat du Grand prix du roman de l’Académie française jeudi, Carole Martinez et l’écrivain haïtien Lyonel Trouillot.

Alexis Jenni l’avoue humblement, il se considérait jusqu’ici comme «un écrivain du dimanche». Cet agrégé de biologie n’a pourtant jamais cessé d’écrire depuis vingt ans, mais «de petites choses» restées dans ses tiroirs ou qui n’ont pas marché.

Il s’attelle voici cinq ans à ce livre, récit d’aventure et réflexion sur l’héritage des conflits coloniaux. Son épopée entre Indochine et Algérie achevée, il envoie son manuscrit de près de 700 pages, par la poste, à un seul éditeur, Gallimard, dont c’est le centenaire et qui flaire aussitôt la révélation de la rentrée.

La plupart des critiques sont aussi conquis et les éloges pleuvent depuis la sortie du livre sur cet amoureux du cinéma, de bandes dessinées et de la botanique, qui tient un blog dessiné, Voyages pas très loin.

Loin des premiers romans souvent nombrilistes, L’art français de la guerre, au style classique, épique, parfois un peu grandiloquent, est un chant inspiré, baigné de sang et de combats, une méditation sur l’identité nationale et ces vingt ans de guerres coloniales qui marquent encore les esprits aujourd’hui.

Le roman, très lisible mais exigeant, a déjà été vendu à plus de 56 000 exemplaires. Il devrait bientôt faire beaucoup mieux : un Goncourt se vend en moyenne à 400 000 exemplaires.

Source: Agence France Presse

Alexis Jenni, prix Goncourt : « J’espère bien reprendre le cours de ma vie »

« Je ne le vois pas, il est où notre prix Goncourt ? » Adossée aux rayonnages, Odile se balance de gauche à droite. Sur un pied, puis l’autre. Il fallait parfois se contorsionner, hier à la librairie Decitre, place Bellecour, pour apercevoir Alexis Jenni. L’auteur lyonnais, tout juste auréolé du prestigieux prix littéraire, y donnait, en fin d’après-midi, une séance de dédicaces attendue.

La salle s’est rapidement révélée trop étroite pour accueillir plus d’une centaine de lecteurs, venus les bras chargés d’un ou plusieurs exemplaires du livre primé « L’Art français de la guerre ». Même sans l’iconique bandeau rouge. Assise patiemment au premier rang, Annie a les genoux occupés par trois exemplaires. « C’est pour offrir à des proches et partager avec eux un agréable moment de littérature. » Le bouquin, elle l’a lu, dévoré, en « quinze jours à peine ».

C’est, par le couloir, où les retardataires tentent, cahin caha, de se frayer un chemin qu’Alexis Jenni fait son entrée. Standing ovation et première salve d’applaudissements. Chemise blanche entrouverte et pantalon beige, l’auteur de 48 ans traverse la salle le pas léger, malgré le poids médiatique des derniers jours. Affable, il confie, aux micros qui se tendent à lui, ne « pas avoir été préparé à cet emballement. J’improvise de jour en jour ».

Aujourd’hui, les habitudes sont revenues. À la ville, à savoir quand il n’écrit pas, il est professeur de biologie au lycée Saint-Marc, à deux pas. D’ailleurs, il sort de cours. Une rentrée qu’il a voulue sans médias. « Je suis entré discrètement par une porte dérobée pour manifester ma présence auprès de mes Terminales. C’est un moyen de revenir sur terre. J’espère bien reprendre le cours de ma vie », explique, l e visage barré d’un sourire, celui qui se décrivait jusque-là comme « un écrivain du dimanche ». Et sur quoi portait la leçon du jour ? « L’Évolution. Et j’espère ne pas avoir trop changé ».

Après une conférence d’avant-dédicaces, durant laquelle l’auteur s’est prêté au jeu des questions-réponses, une file d’attente a pris forme. Au bout, la signature convoitée de celui qui fait une entrée distinguée dans la cour des grands. Pour un auteur, une séance de dédicaces sur ses terres, est l’occasion de retrouvailles, d’anecdotes et de petites histoires dans la grande. Qui plus est quand il est professeur. Quand Claire tend son bouquin à « M. Jenni », on comprend rapidement qu’elle a été son élève. Assidue, elle a presque terminé l’ouvrage : « C’est drôle, quand je le lis, je retrouve des expressions qui rappellent ses cours. C’est un professeur peu ordinaire. Il m’a transmis plus que des compétences ».

Derrière, Dominique se tient visiblement émue. Celui qu’elle appelle « Alexis », elle ne l’a pas oublié. Elle était son professeur de lettres en Seconde. Aujourd’hui le « gamin » devenu grand et un Goncourt après, elle confesse : « Quand j’avais une pile de copies, je mettais la sienne en dernière. C’était mon réconfort. »

Source: Le Progrès de Lyon (édition du 5 novembre 2011)

L’Art français de la guerre, d’Alexis Jenni

Le premier roman d’un professeur de biologie, L’Art français de la guerre d’Alexis Jenni, est un coup de maître.

«Qu’est-ce qu’un héros ? Ni un vivant ni un mort, un être qui pénètre dans l’autre monde et qui en revient.» À la lumière de cette citation de Pascal Quignard, on mesure mieux la personnalité du capitaine Victorien Salagnon, personnage central et ambigu de ce gros roman, et le dialogue qu’il noue avec un jeune homme désoeuvré, reclus dans la banlieue lyonnaise, qui passe son temps à trafiquer ses arrêts de travail, à faire l’amour, à boire et à regarder des films de guerre. L’ex-parachutiste raconte avec un mélange d’horreur et de pudeur, à son cadet fasciné, les conflits où il a servi. En échange, il l’initie au maniement de l’encre.

L’Art français de la guerre : un titre bien rébarbatif, où Alexis Jenni, né en 1963, et dont c’est le premier ouvrage, parcourt vingt-neuf ans de colonisation française. L’Indochine, le Viêtnam, l’Algérie. On pourrait croire à une réflexion sur l’absurdité des conquêtes, si l’auteur ne portait son récit à des hauteurs spirituelles, avec un style parfait d’équilibre. Il va plus loin que Camus, lequel n’envisageait pas une Algérie non française.

Les guerres de colonisation ont fait couler autant d’encre que de sang. C’est à l’encre que s’attache l’ex-officier. Celle dont il tirait, sur le papier, entre deux coups de canon, la pureté que la confusion générale interdisait. Celle qui noircit les Mémoires du général de Gaulle, baptisé «le Romancier», champion du mentir-vrai, quand il travestit ce qui gêne et passe sous silence ce qui dérange. De Gaulle est le plus grand menteur de tous les temps, mais il l’était comme mentent les romanciers. Il construisit par son verbe, pièce à pièce, la légende dont nous avions besoin pour habiter le XXe siècle».

De Gaulle menteur ? Avant mai 1968, il avait écrit que l’Algérie française était une utopie ; quand il a constaté à Alger l’immense ferveur des pieds-noirs et la possibilité d’une amitié franco-musulmane, il a cru un moment que la chose était possible.

Il a très vite déchanté. Son « Je vous ai compris » était-il sincère, avant sa volte-face, ou bien voulait-il faire avaler progressivement la couleuvre ? Les avis ont toujours divergé. Mais Alexis Jenni tient à la thèse de l’anagogie. Dans la jungle des partis pris, avoir un ennemi simplifie et rassure. Dans les livres, on en triomphe toujours. Ni Bodard ni Kessel, Jenni condamne l’héroïsme. Les guerres de colonisation sont de sales guerres, suivies de parfaits exemples de décolonisation ratée.

Le maître et l’élève trouvent la source de la sauvagerie coloniale dans l’exacerbation des différences et de l’identité nationale, dans l’obsession de la race et de la « ressemblance héréditaire », d’où découle le sectarisme. L’amour, le désir sexuel, l’art leur paraissent de saines alternatives, capables de transfigurer la haine aveugle : « Comment supporterais-je cet encombrement qu’est l’autre, si le désir que j’ai de lui ne me fait pas tout lui pardonner ? » Et sans désir de l’autre, que reste-il, sinon l’envie de le voir disparaître ? L’identité selon Alexis Jenni est à trouver dans le langage et le sexe, sous un ciel de neige peint à l’encre noire.

Mais tout est guerre, selon lui ; « la taupe cannibale » de la furia francese rampe et gronde partout, même en temps de paix. Dans le couple ; lors des émeutes ; dans les files d’attente devant une pharmacie de nuit où l’on cherche à grappiller une place ; dans l’acte de consommer (le narrateur lit le mot « enfant » sur une barquette de viande, à côté d’abats étiquetés « animaux »). Violence partout tapie, partout à l’oeuvre. L’État lui-même « veut que l’autre se taise ; il faut le réduire à quia, trancher sa gorge parlante ».

La torture est au coeur du débat, jamais décrite, non plus que le compagnon du narrateur ne s’englue dans la poliorcétique des combats (l’art d’assiéger les villes). Il rappelle que «le français est la langue internationale de l’interrogatoire». L’impossible situation des pieds-noirs installe la perfide question de la race, « l’idée visible qui permet le contrôle. La ressemblance physique, confondue avec l’identité, permet le maintien de l’ordre ». Quand le narrateur demande au vétéran s’il a torturé, l’autre répond qu’il a fait pis : «Nous avons manqué à l’humanité.» Tout ce livre tient au creux d’une phrase : «On n’apprend pas impunément la liberté, l’égalité et la fraternité à des gens à qui on les refuse».

Inconnu dans le milieu de l’édition, Alexis Jenni ne le restera pas longtemps. Ce premier roman, chef-d’oeuvre de mesure, que rehaussent l’art et le désir salvateurs, est un coup de maître.

Source : Vincent Landel (Le Magazine Littéraire – 31 août 2011)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire