Le Parisien: Vous venez de passer quatre semaines sur les bancs de la 9e chambre de la cour d’appel de Paris dans l’affaire Clearstream. Avez-vous toujours le sentiment d’être victime d’un acharnement judiciaire?


Dominique de Villepin: D’une affaire industrielle on a voulu faire une affaire politique, mais je sais que la vérité s’imposera à tous.

Le procureur a requis quinze mois de prison avec sursis contre vous. Votre avenir politique est désormais suspendu à une décision de justice…
Non. Mon avenir politique dépend de la conviction et de l’engagement qui sont les miens.
Votre vie politique continuera donc, même si vous êtes condamné?
C’est une hypothèse que je n’envisage pas. Je vous rappelle que mon innocence a été reconnue en première instance.

Votre ami Georges Tron, mis en cause par d’anciennes collaboratrices, a-t-il eu raison de quitter le gouvernement?
Oui. Il a ainsi toute liberté pour se défendre.

Qu’est-ce que les affaires DSK ou Tron vont changer dans la vie politique?
La classe politique est aujourd’hui très généralement et très massivement sur la sellette. Attention à ne pas nous lancer dans une chasse aux sorcières incontrôlée. Face à la loi du scandale, il serait bon que la droite et la gauche puissent s’entendre sur une règle commune, de façon à respecter la présomption d’innocence, tout en tenant compte des conséquences que ces affaires peuvent avoir dans l’opinion publique. En tout état de cause, tant qu’elle n’est pas mise en examen, une personne publique n’a pas de raison de se démettre de ses fonctions, sauf si elle le souhaite. Tous les politiques doivent savoir qu’ils peuvent avoir à rendre des comptes, comme a à le faire Eric Woerth, tout comme Mme Lagarde aujourd’hui.

La question, c’est : comment on fait face? Il y a deux principes clés : l’égalité des citoyens devant la justice et l’indépendance de la justice vis-à-vis des autres pouvoirs. Sur ce point, nous avons encore beaucoup de chemin à faire.

La France est-elle devenue une société de castes? Ses dirigeants jouissent-ils d’une forme d’impunité?
La règle n’est pas la même en France pour les puissants et pour les autres. C’est la source même du scandale. Il faut de vrais garde-fous pour garantir que la loi est bien la même pour tous. Aujourd’hui, d’une certaine façon, le puissant peut avoir le sentiment de vivre en dehors de la norme et de pouvoir, quoi qu’il arrive, maîtriser les situations. Cette coupure qui existe en France entre les plus aisés et les autres, les mondialisés et les autres, les élites et les autres, est dévastatrice.

Elle met en pièces l’idée de nation, mais aussi l’idée d’un Etat juste et impartial. Elle met enfin en pièces l’idée républicaine. Où sont dès lors les exigences de solidarité, de justice, de respect? Que devient le lien social? Ce clivage est donc extrêmement dangereux. Il nourrit les ressentiments et les solutions simplistes du populisme. Ce à quoi il faut répondre, c’est aux inégalités qui se creusent, notamment en termes de salaires et de pouvoir d’achat, ou encore à l’école. L’éducation, dès le plus jeune âge, doit être notre priorité. C’est pourquoi je propose une obligation de scolarité et de formation de 3 à 18 ans.

Deux films récents (« le Bal des menteurs », de Daniel Leconte, et « la Conquête », de Xavier Durringer), vous donnent le mauvais rôle.Vous aurez donc été le diable de ce quinquennat?
Oui. En politique, il y a toujours la tentation de trouver des boucs émissaires, particulièrement quand la situation est difficile. Si j’ai un privilège dans le quinquennat de Nicolas Sarkozy, c’est d’avoir alerté le premier sur ce qui risquait de se passer. Car la politique, quand elle s’éloigne des principes, rapetisse. Et de même, quand elle s’appuie sur la peur et la division, elle se condamne à la fuite en avant. La politique doit être pragmatique, sans oublier d’entraîner tous les Français, et non les monter les uns contre les autres.

Votre ancien ministre, Jean-Louis Borloo, dit qu’il se prépare physiquement et mentalement pour être candidat à l’élection présidentielle…


Il a raison, les deux sont nécessaires.

Vous en faites autant?
Disons que j’ai pris un peu d’avance. Son choix aujourd’hui, je l’ai fait il y a quatre ans.
Y a-t-il de la place pour quatre ou cinq candidats entre le PS et Nicolas Sarkozy?
Le temps fera son œuvre. La question, c’est d’être à la hauteur des enjeux, parce que la France est à la veille d’un enjeu historique qui est de trouver sa place dans le monde d’aujourd’hui. C’est pour cela que je propose non pas une démarche d’ajustement, comme c’est le cas des grands partis, mais une véritable refondation politique, économique, sociale, culturelle.

Serez-vous candidat en 2012?
Je veux offrir une alternative à la politique qui est menée. Je n’en fais pas mystère, tout simplement parce que c’est le combat de nombreuses années. J’ai eu le souci de défendre un projet d’abord, celui de la dignité pour tous, avec la mise en place, notamment, d’un revenu citoyen en contrepartie d’un projet ou d’une activité au service de l’intérêt général. Pour moi, c’est le point de départ : rompre avec l’assistanat et renouer avec la citoyenneté. Pour cela, il faut redonner corps à l’Etat, à la nation et au peuple français. Dans ce combat, je souhaite développer le dialogue avec tous ceux qui le souhaitent. Car nous aurons besoin de tous les talents, à droite, à gauche et au centre, qu’il s’agisse de Jean-Louis Borloo ou de François Bayrou, pour faire gagner la France.

Ferez-vous de votre candidature en 2012 un préalable à l’accord que vous pourriez trouver avec Bayrou et Borloo?
Ma détermination est entière et chacun doit trouver sa place chemin faisant. Je considère qu’en politique, l’expérience est un atout. Mais ce n’est pas suffisant. Quel que soit le président victorieux, il faudra un rassemblement des Français. Il faudra retrouver un président de tous les Français.

Source: Le Parisien (propos recueillis par Matthieu Croissandeau et Nathalie Segaunes)


Présidentielle 2012: Dominique de Villepin presque candidat
L'ancien Premier ministre ne cache plus ses ambitions...
Dominique de Villepin ne fait pas mystère de son intention de se lancer dans la course à l'élection présidentielle de 2012 en France.

«Je veux offrir une alternative à la politique qui est menée», déclare l'ancien Premier ministre dans un entretien publié jeudi par Le Parisien.
Il se dit confiant quant à l'issue du procès en appel de l'affaire Clearstream, dont le jugement sera rendu le 14 septembre. L'accusation a demandé 15 mois de prison aves sursis contre le fondateur du mouvement République solidaire.

«D'une affaire industrielle on a voulu faire une affaire politique mais je sais que la vérité s'imposera à tous», dit-il. Optimiste sur l'issue de son procès en appel
Son avenir politique, assure-t-il, ne dépend pas du verdict qui sera prononcé à l'automne: «Non, mon avenir politique dépend de la conviction et de l'engagement qui sont les miens».
Adversaire déclaré de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin tend la main aux centristes Jean-Louis Borloo et François Bayrou.

«Dans ce combat, je souhaite développer le dialogue avec tous ceux qui le souhaitent car nous aurons besoin de tous les talents, à droite, à gauche et au centre, qu'il s'agisse de Jean-Louis Borloo ou de François Bayrou, pour faire gagner la France», dit-il.
«Ma détermination est entière et chacun doit trouver sa place chemin faisant», ajoute Dominique de Villepin.

Source: Reuters

2012 : "Ma détermination est entière", assure Villepin
Dominique de Villepin (République solidaire), qui "n'envisage pas" l'hypothèse d'une condamnation en appel dans l'affaire Clearstream, affirme que sa détermination à se présenter à la présidentielle de 2012 est "entière", jeudi dans un entretien au Parisien.

L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, qui répète qu'il veut "offrir une alternative" à la politique menée depuis 2007 par Nicolas Sarkozy et se pose en défenseur de "l'intérêt général", est prêt à discuter avec tous ceux qui partagent cette ambition en dépassant les clivages habituels.
"Dans ce combat, je souhaite développer le dialogue avec tous ceux qui le souhaitent", dit-il. "Car nous aurons besoin de tous les talents, à droite, à gauche et au centre, qu'il s'agisse de Jean-Louis Borloo ou de François Bayrou, pour faire gagner la France".

Ferez-vous de votre candidature en 2012 un préalable à l'accord que vous pourriez trouver avec MM. Bayrou et Borloo ? "Ma détermination est entière", répond le président de République solidaire (RS), "et chacun doit trouver sa place chemin faisant". "Quel que soit le président victorieux, il faudra un rassemblement des Français. Il faudra retrouver un président de tous les Français", dit-il aussi.

Alors que dans le procès en appel de l'affaire Clearstream, achevé le 26 mai, le parquet général a requis contre lui 15 mois de prison avec sursis, M. de Villepin estime que son avenir politique n'est pas pour autant suspendu à la décision que rendra la cour d'appel de Paris le 14 septembre.
Votre vie politique continuera même si vous êtes condamnés ? "C'est une hypothèse que je n'envisage pas", assure-t-il, en rappelant qu'il a été relaxé en première instance dans ce vaste dossier de dénonciation calomnieuse.

A la mi-avril, Dominique de Villepin avait présenté son projet de "refondation politique" basé sur un nouveau contrat de citoyenneté, en précisant qu'il avait "fermement l'intention" de l'"incarner" l'an prochain à l'élection présidentielle.

Source: Agence France Presse

Villepin de retour sur la scène politique
Après plusieurs semaines de présence au procès Clearstream, Dominique De Villepin reparle politique. Dans un entretien au Parisien, il maintient que sa "détermination reste entière" et ouvre la porte à un dialogue avec François Bayrou et Jean-Louis Borloo.

Revoilà Villepin le politique. Après quatre semaines passées sur les bancs de la cour d’appel de Paris pour l’affaire Clearstream, l'ancien Premier ministre troque son costume de justiciable pour celui d'hypothétique candidat à l'élection présidentielle de 2012. Dans un long entretien accordé ce jeudi au Parisien, Dominique de Villepin réaffirme vouloir "offrir une alternative à la politique qui est menée. Je n’en fais pas mystère, tout simplement parce que c’est le combat de nombreuses années."

Une façon aussi de se démarquer d'un Jean-Louis Borloo en pleine "préparation physique et mentale". " Disons que j’ai pris un peu d’avance sur Jean-Louis Borloo. Son choix aujourd’hui, je l’ai fait il y a quatre ans", fait remarquer ce farouche opposant à Nicolas Sarkozy. De Villepin qui, il y a encore quelques temps, moquait "la kermesse" politique où l’on découvre "beaucoup de nouveaux visages", semble tout de même soucieux de nouer un dialogue avec d'autres leaders politiques. "Nous aurons besoin de tous les talents, à droite, à gauche et au centre, qu’il s’agisse de Jean-Louis Borloo ou de François Bayrou, pour faire gagner la France", explique-t-il dans Le Parisien. Sans dire pour autant si le ralliement à sa candidature est un préalable à toute discussion.

Le président de République solidaire, dont la "détermination est entière ", reste toujours sous la menace d'une condamnation dans l'affaire Clearstream, qui porterait un sérieux coups à ses ambitions nationales. "C’est une hypothèse que je n’envisage pas", balaie-t-il. La cour d'appel de Paris rendra sa décision le 14 septembre.
D'ici là, Dominique de Villepin organisera le 19 juin prochain une convention de son parti. L'occasion de mettre une touche finale à son programme déjà esquissé en avril dernier au Press Club de France, où il avait vanté une "société de dignité" et détaillé les grandes lignes d'un projet qu’il avait, dit-il à l'époque, "vocation à incarner".


Source: Journal du Dimanche