Une impression de déjà-vu. Mais sans le panache de la première instance. Les attaques de Dominique de Villepin contre le parquet - « placé sous l'autorité du président de la République, Nicolas Sarkozy » - lors du procès Clearstream en appel ont donné un sentiment d'enlisement. « Ca fonctionne moins parce qu'il a été complètement blanchi en première instance. Et, cette fois-ci, ils n'ont pas sorti le croc de boucher ou parlé de coupable », reconnaît Brigitte Girardin, secrétaire générale de son mouvement République solidaire.

« Il y avait eu un intérêt de l'opinion lors du premier procès et le perdant était Nicolas Sarkozy, renchérit le député (UMP) du Morbihan François Goulard. Il n'est pas sûr que le procès en appel ait le même effet. S'il est relaxé, comme nous le souhaitons, l'effet positif sera au moins de montrer que c'était, dans tous les sens du terme, un mauvais procès. »

Aucun frémissement dans les sondages
Alors que les partisans de Dominique de Villepin espéraient enclencher une nouvelle dynamique avec la présentation de son projet mi-avril, aucun frémissement ne se fait sentir dans les sondages. Et ses propositions, comme le revenu citoyen, ont fait grincer des dents les parlementaires de République solidaire. Les dernières enquêtes d'opinion, réalisées après l'affaire Strauss-Kahn, le créditent de 3 % à 6 % des intentions de vote au premier tour de la présidentielle.

Des scores que minimisent ses proches « à un an du scrutin et avec un paysage politique qui n'est pas encore fixé », souligne Brigitte Girardin. « Pour quelqu'un qu'on bâillonne, qui n'a aucun accès aux grands médias nationaux, faire 5 %, cela montre un socle, c'est comme un homme qui a deux jambes cassées mais arrive à faire un 100 mètres. Tout ceci va se débloquer », veut encore croire le député de l'Hérault Jean-Pierre Grand.

Se rapprocher de Bayrou et Borloo ?
Dominique de Villepin réunira le 19 juin à Paris une convention avec les cadres de son mouvement, autour du projet, « pour se remobiliser avant l'été », explique Brigitte Girardin. Elle aura lieu un an après le lancement de République solidaire, à la Maison de l'Amérique latine. Un symbole : c'est là que les soutiens de l'ex-Premier ministre l'avaient fêté en octobre 2009, les audiences du procès en première instance à peine achevées. C'est là qu'il s'était présenté comme « une alternative » en 2012.

Pour offrir cette alternative, François Goulard, qui voit un potentiel électoral au centre de 20-25 %, prône depuis longtemps un rapprochement avec François Bayrou et Jean-Louis Borloo. Mais avoue, malgré un récent déjeuner du président du Parti radical avec celui de République solidaire, ne pas y croire. Et s'il estime « réelle et intacte » l'intention de Dominique de Villepin de se présenter, il conditionne cette candidature « aux sondages, pour des raisons financières ». Brigitte Girardin imagine, elle, un grand meeting à Paris à l'automne. « Quand il sera en position de se présenter, ajoute-t-elle. Après le verdict du procès. »


S : Les Echos