Mardi 8 heures: Clearstream : Villepin se pose en homme d'État et Lahoud attaque à tout va





C'était assez inattendu, mais il a été beaucoup question d'Oussama ben Laden à l'ouverture du procès en appel de l'affaire Clearstream. Dominique de Villepin et Imad Lahoud en ont parlé chacun leur tour, chacun à leur manière, mais si le second veut à tout prix faire passer l'ancien Premier ministre comme coupable, ce n'est pas sûr qu'il soit le plus crédible...

Ambiance apaisée, menaces rangées, voilà que la justice sereine avait sa chance. Mais Dominique de Villepin a tout de même voulu faire une déclaration très solennelle à son arrivée devant la salle d'audience. L'an dernier, tendu, il avait lancé : « Je suis ici par la volonté d'un homme, Nicolas Sarkozy... » Cette fois, grave, il a martelé : « J'espère que les nations trouveront de nouvelles coopérations, face à un terrorisme disséminé sur la scène mondiale... » Après avoir rendu hommage aux victimes des attentats revendiqués par Ben Laden.

Qu'on se le dise : c'est un homme d'État qui est entré dans la salle où il doit être jugé une seconde fois pour complicité de dénonciation calomnieuse. Au premier procès, il a été relaxé. Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin - le premier mystérieusement recommandé aux services secrets français par le second, haut cadre lunaire chez EADS - seraient donc les coupables de ces faux listings envoyés au juge Van Ruymbeke. Le premier comme petite main, le second comme inspirateur. Si Villepin a bien vu que des noms comme Sarkozy, Strauss-Kahn, Chevènement, Pasqua, Plenel y ont été ajoutés, manière de faire croire qu'ils avaient un compte caché au Luxembourg, il n'y pouvait plus rien faire, a dit le tribunal.

Mais Imad Lahoud, lui, n'est pas de cet avis. « Je suis coupable, c'est vrai. Mais Jean-Louis Gergorin est coupable et Dominique de Villepin est coupable ! » Et pendant une bonne partie de l'après-midi, il a tenté de se faire un profil crédible. Il fallait bien cela : durant toute l'instruction, puis lors du premier procès, il a multiplié les mensonges. « Quand on veut protéger les coupables, on est bien obligé ! », dit-il aujourd'hui.

D'abord, il veut tenter de convaincre encore qu'il avait effectivement de bonnes informations à donner à la France, quand il est rentré d'un long séjour à Londres, en 2003. « Je travaillais dans la finance. Je gérais des comptes et des flux d'argent par lesquels passaient les fortunes de la famille Ben Laden, j'aurais pu renseigner les services secrets. » Mais ceux-ci attendent toujours.

C'est tout de même aujourd'hui encore son principal passeport pour avoir infiltré l'appareil d'État. Et il n'en démord pas. Quand Paul-Albert Iwens, l'avocat de Gergorin, lui demande : « Mais Ben Laden, vous le connaissiez ?.... » Il ne se démonte pas : « Personnellement ! » C'est cet homme-là, prof de maths à 2 000 euros par mois, qui est aujourd'hui le plus cinglant accusateur de Dominique de Villepin. Qui n'a rien dit hier. Il aura la parole demain.

Source: La Voix du Nord


Mardi 6 heures 30: Villepin n’a rien à craindre





La première audience du procès en appel de l’affaire Clearstream s’est déroulée sans passion : les effets de manche d’Imad Lahoud, l’un des co-prévenus, tombent à plat.

Pour la première audience du procès en appel de l’affaire Clearstream, Dominique de Villepin s’est efforcé de prendre de la hauteur. Avant l’ouverture des débats, l’ancien Premier ministre, vêtu d’un costume bleu nuit, a attendu à l’entrée de la chambre que la nuée de caméras se positionnent correctement pour prendre les traits d’un ministre des Affaires étrangères plutôt que celui d’un justiciable ordinaire. D’une voix solennelle, il a parlé d’Oussama Ben Laden.

« Je ne pense pas à moi, mais à ces milliers d’hommes et de femmes tombés sous le coup du fanatisme et de la haine. Je veux croire que les pays occidentaux sauront éviter la tentation d’un amalgame trop souvent commis par l’administration Bush entre guerre contre le terrorisme et confrontation avec l’Islam. »

Pas un mot sur son procès, pour lequel il comparaît pour « complicité de dénonciation calomnieuse », alors qu’il a été relaxé en première instance, le 28 janvier 2010. Pas un mot non plus sur Nicolas Sarkozy, qui a retiré sa plainte en partie civile et dont le nom figurait (à tort) dans les faux listings Clearstream. Au fond de la salle, son fils Arthur, qui a toujours suivi de très près les problèmes judiciaires de son père.

Nouveau « mensonge » Quelques mètres à sa gauche, assis côte-à-côte, Jean-Louis Gergorin, le « corbeau », et Imad Lahoud, le falsificateur des listings. Le mathématicien, qui a écopé d’une peine de trois ans de prison (dont dix-huit mois avec sursis) en première instance, ne veut pas être le seul, répète-t-il, à porter le chapeau.

« Je veux rétablir la vérité sur les rôles de chacun », plaide Lahoud devant la présidente du tribunal, Christiane Beauquis. Il accuse l’ex-Premier ministre d’avoir eu « un effet de levier considérable » sur lui. Pour preuve : la femme de l’ex-trader aurait envoyé vendredi dernier à la justice une lettre démontrant que Villepin le connaissait, alors que ce dernier a toujours nié avoir un lien avec lui et être ainsi impliqué dans cette affaire. Questionnée sur ce point, la présidente de la cour a répondu avec fermeté : « La cour n’a pas reçu le courrier. » Et Me Metzner de se réjouir : « C’est un nouveau mensonge, et ce ne sera pas le dernier.

Dominique de Villepin est serein, il n’a rien à craindre. En ne faisant pas appel, Nicolas Sarkozy l’a reconnu innocent. »


Source: France Soir