Ce qui me plait, voire m'enthousiasme carrément dans le projet présenté jeudi dernier, c'est son aspect global, la cohérence qui se dégage. Prises isolément chaque proposition peut être comprise comme étant une mesure de plus, sans doute importante mais ne bouleversant pas cette évolution de notre organisation qui nous semble totalement inéluctable. Mais l'importance est bien de faire le lien entre toutes les propositions émises par DV et dégager la perspective qui se dessine ! La citoyenne et le citoyen doivent retrouver leurs repères et confiance dans l'environnement où ils évoluent.
L'une des mesures emblématiques du programme présenté par Dominique de Villepin le 14 avril dernier est bien évidemment le revenu citoyen. Ce complément de revenu ne tombe pas pour autant par hasard ! Ce n'est pas le gadget d'un marketing politique dont nous voyons les ravages depuis 2007. Il correspond à une réalité : le monde ultralibéral qui nous est imposé se révèle incapable d'assurer la dignité à la majeure partie de notre société. Notre avenir dépend donc de notre capacité à nous affranchir de ces métastases qui nous rongent.
Outre l'aspect purement technique, et il est important d'en expliquer les modalités (qui perçoit, combien, pour quel coût global, pris en charge par qui, avec quel contrôle - car la confiance sera d'autant plus établie si le système est transparent -, avec quelles contreparties, etc.), le contexte dans lequel il s'inscrit est déterminant ! Autant une telle mesure aurait semblé incongrue durant ces trente glorieuses où le plein emploi, la croissance et la hausse continuelle du niveau de vie étaient la règle, autant son instauration en 2012 correspond parfaitement à la situation.
Le constat de Dominique de Villepin est clair et lucide. Conforté dans son analyse par les nombreux déplacements sur le terrain, il soutient cette idée d'une dignité retrouvée alliée à la recherche d'une plus grande efficacité du système.
Car nous sommes dans la désespérance organisée, celle qui nous pousse un jour à jeter par-dessus les haies nos valeurs les plus intenses, celles qui sont attachées à notre personne et qui maintiennent notre équilibre. Tirant le diable par la queue, lassé de devoir toujours arbitrer entre telle ou telle urgence, l'individu craque et se laisse précipiter dans la spirale de l'endettement ou dans celle de l'abandon social ou professionnel. Il n'est plus maître de lui, il n'est plus citoyen au sens le plus responsable du terme. Il a abdiqué toute velléité de mener sa vie, d'être acteur de son propre destin. Partant de cela, il devient indifférent à celui des autres, donc à l'organisation sociale dont il ne se sent plus solidaire.
Entre ces indifférences liées au désespoir et celles qui émanent des plus favorisés du système l'ensemble perd de sa solidité, les valeurs républicaines s'effacent progressivement et les coutures qui maintiennent l'ensemble craquent les unes après les autres : les conditions d'une explosion sociale sont réunies et n'attendent qu'un incident, même mineur, pour que se déclenche le cataclysme.
Et cette analyse du Président de République Solidaire est largement partagée par maints acteurs de notre société ! Que ce soient les "économistes atterrés" ou le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, les personnalités indépendantes du monde politique (François Bayrou, Jean-Pierre Chevènement, Marie-France Garaud, les gaullistes sociaux tels Daniel Garrigue, Jean-Luc Mélenchon, etc.) mais aussi les citoyennes et citoyens les plus lucides, tous sont unanimes : le système actuellement en "vogue", ce tsunami ultralibéral, basé sur une recherche hédoniste et une conception totalement individualiste des comportements, ne peut que nous entrainer vers l'abîme et le chaos.
La brutalité de ses actions, la répartition inique de la richesse créée, l'abandon de la notion même de nation, faisant fi de siècles d'une histoire propre à chaque peuple, tout cet ensemble concourt à nous faire entrer dans une sorte de monde orwellien où, au dieu "marché", pour l'accumulation indue des richesses et aux icones établies (traders, salaires pharaoniques, trains de vie indécents, etc.) vont être sacrifiés des générations de soutiers du système.
Le filet de sécurité relève donc de l'urgence nationale ! Et il est étroitement lié aux autres éléments qui visent à rétablir la cohérence et la cohésion de la société France : impôt universel (même s'il relève de la somme symbolique pour les revenus les plus faibles), devoir de l'engagement solidaire par le biais du vote et du service citoyen. Nous basculons de la "société de défiance à celle de confiance", nous abandonnons le statut de France Société Anonyme en cours depuis 4 ans pour celle de France Solidarité Républicaine ! Le défi est à la hauteur de notre exigence, de notre histoire et de nos valeurs ! Et quels parents ne seraient pas soulagés de savoir que les débuts dans la vie d'adulte de leur(s) enfant(s) pourraient être facilités par une telle mesure ?
Et ce qu'il est important de souligner, c'est que ce revenu citoyen n'a pas vocation à devenir pérenne pour l'ensemble des presque 30 millions de personnes actuellement concernées (chiffre évoqué par DV et probablement un peu en-deçà de la réalité car il semble ne pas être juridiquement possible de ne le réserver qu'aux seuls nationaux).
Dans les 10 années qui viennent, la restauration des équilibres budgétaires publics et le remboursement des dettes, la vigoureuse politique visant à rebâtir notre appareil industriel, sur des secteurs porteurs et avec le souci de respecter notre environnement, avec l'accompagnement financier d'un secteur bancaire enfin soumis aux devoirs de sa charge, assureront l'emploi pour toutes et tous. Un puissant système de formation professionnelle associé à un véritable service de l'emploi permettront d'accompagner toutes celles et tous ceux qui se retrouveront entre deux emplois.
Assortie d'une meilleure répartition de la valeur ajoutée entre le travail et le capital, la situation économique nouvelle permettra de rétablir l'individu dans sa dignité et affirmer sa foi dans l'avenir. Son revenu salarial lui donnera l'occasion de gérer tout à la fois les dépenses courantes, celles liées aux loisirs et sa volonté de pratiquer l'épargne : le filet de sécurité ne sera plus nécessaire. L'équilibre du système sera rétabli et le revenu citoyen pourra ne persister que pour donner le coup de pouce transitoire à celles et ceux qui débutent leur vie d'adulte responsable (étudiants et apprentis, entrepreneurs, jeunes travailleurs, etc.). Il est probable que durant une période allant au-delà de la décennie évoquée les retraites les plus modestes auront besoin d'être complétées par ce revenu citoyen.
On le voit bien, avec la candidature de Dominique de Villepin et le projet qu'il nous propose, c'est tout un système qui est remis en cause, remis à plat dans ses tenants et aboutissants. Je n'en veux d'ailleurs pour preuve que l'omerta scandaleusement entretenue par un pouvoir d'informer qui est aux ordres des bénéficiaires de la jungle actuelle !
Tout est à nouveau fait et orchestré pour nous forcer à accepter l'inacceptable : les lois iniques du marché sont les seules qui vaillent, il n'y a pas d'autres solutions ni de plan B, courbez l'échine pauvres manants et contentez-vous d'accepter nos aumônes sans broncher.
Cela ne vous rappelle rien ? 2005, le traité constitutionnel rejeté par la souveraineté du Peuple, alors même que l'immense majorité des corps constitués enfonçait le clou d'une réponse qui ne pouvait et ne devait être que positive. Un immense bras d'honneur fut l'écho à cette pression.
2012 : à vos bras citoyennes et citoyens !
Source : République Solidaire « Ensemble construisons l'avenir »
(Lionel Sontag)
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