L’annonce surprise de la candidature de l’ancien Premier ministre à la magistrature suprême redistribue les cartes à quatre mois du premier tour. Que veut-il vraiment ? Torpiller Sarkozy ? Sauver la France ? Réponses.
Seuls sont capables de le passionner les combats épiques. Le quotidien l’assomme, la médiocrité le déprime, l’adversité le requinque. […] Travaillant plus qu’il n’est imaginable, se trompant parfois mais avec panache, il est une personnalité qui mérite beaucoup mieux que le portrait déséquilibré souvent tracé. Il n’y a pas de petitesse chez ce guerrier. » Si curieux que cela puisse paraître aujourd’hui, ce portrait très élogieux de Dominique de Villepin est signé… Nicolas Sarkozy.
En 2001, dans son livre Libre (1), il tient à rendre hommage à celui qui a permis sa réconciliation –de façade – avec Jacques Chirac, puis par conséquent a contribué à son retour sur l’échiquier politique et in fine à sa victoire en 2007. Entre ces deux dates, siégeant tous les mercredis à la même table du Conseil des ministres, les deux hommes se sont d’abord toisés, puis provoqués, ils se sont ensuite affrontés à fleurets mouchetés avant de se déchirer et de se lacérer en direct devant les caméras. Au paroxysme de l’affaire Clearstream, au début de 2006, Nicolas Sarkozy promet à son rival « de le pendre à un croc de boucher », tandis que, le 21 septembre 2009, le jour où s’ouvre le premier procès à Paris, Dominique de Villepin proclame : « Je suis ici par la volonté d’un homme, je
suis ici par l’acharnement d’un homme, Nicolas Sarkozy. » Définitivement blanchi en appel, en septembre dernier, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac affirme en privé n’avoir plus qu’une seule ambition : « Abattre ou faire abattre le “bonsaï” en 2012. » C’est le sobriquet dont il affuble le président de la République en petit comité.
Si la détermination de Dominique de Villepin à mettre cette menace à exécution se mesure au vent de panique qu’a fait souffler dans les rangs de la majorité l’annonce, dimanche 11 décembre au soir sur TF1, de sa candidature à l’élection présidentielle, alors personne dans l’entourage du chef de l’État ne peut considérer cette « initiative personnelle » autrement que comme une déclaration de guerre.
Nadine Morano, la sémillante ministre de l’Apprentissage, est tout de suite montée au front : « L’intérêt de la France, c’est de faire bloc autour du président de la République. Dans cette période de crise grave, se lancer dans une candidature solitaire est dangereux. » Tous les ténors de la majorité, ou presque, exhortent Dominique de Villepin à « reconsidérer sa position », « rejoindre sa famille politique », « ne pas faire prendre le risque d’un 21 avril à l’envers ». Pas franchement le type d’argument susceptible de peser sur les décisions de l’ancien Premier ministre.
Lire l'article intégral dans VSD n°1790 (du 15 au 21 décembre 2011
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